Juil 2, 2017
La pyramide royale, plus tard un tombeau creusé dans la falaise était mise en chantier le jour même de l’intronisation.
Le plus haut dignitaire de l’Etat, les archéologues l’ont appelé « vizir » d’après le modèle oriental, en portait la responsabilité.
Le vizir de Khéops s’appelait Hémiounou. Quand on ouvrir son tombeau en 1912, on trouva entre autres sa statue grandeur nature. Paradoxalement, nous ne connaissons de Khéops qu’une figurine en ivoire de cinq centimètres et demi de haut, que l’on peut découvrir, après maintes recherches, au Musée du Caire.
Les pyramides ne se dressaient pas seules dans le paysage, elles faisaient partie d’un vaste complexe rassemblant les tombeaux des dignitaires (comme Hémiounou) et ceux des membres de la famille royale: les fonctionnaires de Khéops reposent à l’ouest de la pyramide en rangées de mastabas orientés de manière très précise; une petite pyramide a été construite sur le flanc oriental pour les trois épouses royales.
Un temple destiné au culte funéraire quotidien faisait également partie du complexe, des vestiges de son sol de basalte ont été conservés sur le flanc oriental de la pyramide. De ce temple haut, une chaussée couverte descendait jusqu’au temple bas, dans la vallée. Il est aujourd’hui enfoui sous des habitations, et ses vestiges ne sont pas accessibles aux archéologues.
On déposait ici des offrandes destinées au défunt, des provisions fraîches pour assurer sa subsistance durant son long voyage dans l’Empire des Morts, ou celle des prêtres qui assuraient le cuire et veillaient sur l’ensemble funéraire.
Les barques dans lesquelles Khéops voyagerait étaient déposées dans de vastes caveaux au pied de la pyramide. A côté de la pyramide de Khéops se dressent celles de ses successeurs, son frère Khéphren et le fils de celui-ci, Mykérinos.
Elles sont un peu plus petites mais forment avec elle et le puissant Sphinx de Khéphren un des ensembles architecturaux les plus célèbres de la planète. Haut de vingt mètres et long de soixante-treize mètres, le sphinx est sculpté dans le roc. Son corps de lion est doté d’une tête de pharaon reconnaissable au némès, la coiffe royale parée de l’uraeus, le cobra dilaté, et on distingue encore nettement le début de la barbe de cérémonie qui ornait son menton.
Protecteur des pyramides, vénéré plus tard aussi comme une manifestation du dieu solaire, celui que les Arabes, plus tard encore, appelleront avec crainte le « père de l’effroi» se dresse, visible de loin dans le sable du désert.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Au cours des derniers millénaires, le vent a enfoui plusieurs fois le colosse sous le sable, ne laissant que la tête visible. Au temps des pharaons, il fut au moins deux fois complètement dégagé des sables sur ordre divin. Chaque fois, les dieux communiquaient ce souhait à des princes, leur prédisant qu’ils monteraient sur le trône s’ils libéraient le Sphinx. Sur une stèle, entre les pattes griffues, on peut lire comment le futur Thoutmosis, qui s’était allongé pour dormir à l’ombre de la tête de pierre entendit
«comme la Majesté de ce dieu superbe parlait de sa propre bouche, comme un père parle à son fils … ».
Son long séjour sous les sables a préservé le Sphinx de bien des outrages, les Arabes et les Mamelouks n’ont endommagé que sa tête – la barbe et le nez ont disparu. La pollution atmosphérique et les eaux de la nappe phréatique en hausse se chargent aujourd’hui de son corps. L’érosion qu’elles provoquent est bien plus grave que les boulets de canon d’autrefois: de gros fragments se sont détachés de la patte antérieure gauche, de l’épaule et de la queue. La divinité de pierre est un malade chronique et les traitements qu’elle demande ont le pas sur l’exploration de cavités mises en évidence par des moyens acoustiques.
Cette dégradation manifeste n’entame en rien le pouvoir de fascination du Sphinx, ce rayonnement persistant qui stimule l’imagination. Il a servi de modèle à de nombreux animaux mythiques ou sacrés. Plus tard les Egyptiens eux-mêmes associeront aussi le corps de lion à des têtes d’animaux, avant que les Grecs ne lui donnent des ailes et des attributs féminins et le transforment en un monstre posant des énigmes aux voyageurs et dévorant ceux qui ne pouvaient les résoudre.
Le gardien devint un voleur de grand chemin, le protecteur un démon qui hante aussi bien les oeuvres des romantiques que les bandes dessinées et les films fantastiques de notre époque.
Depuis des millénaires, le Sphinx et la Grande Pyramide excitent la curiosité, le désir de découvertes, l’imagination, particulièrement chez les adeptes des sciences occultes. Ceux-ci luttent contre les sobres égyptologues, si peu exaltants par comparaison, et prétendent entre autres que la Grande Galerie a servi d’observatoire, que l’on peut calculer le périmètre de la Terre à partir des dimensions de la pyramide de Khéops et que les bâtisseurs de la Grande Pyramide voulaient laisser à la postérité une «encyclopédie monumentale » rassemblant tout le savoir de leur époque. Quant au Sphinx, il ne daterait absolument pas de l’Ancien Empire mais serait antérieur au déluge.