Fév 9, 2018
Ptah est un dieu très ancien, vénéré, dès l’origine, dans la capitale du premier royaume d’Égypte: Memphis, à la pointe du delta du Nil, à la jonction de la Haute et de la Basse Égypte. La ville fut capitale du royaume pendant les six premières dynasties, ce qui valut à Ptah un rôle éminent dans l’histoire religieuse.
Ptah est représenté comme un homme debout, tête rase, portant parfois une courte calotte. Son corps est compris dans une gaine, des rubans pendant le long du dos; de la gaine, sortent seulement les bras tendus, les mains tenant le sceptre royal ouas auquel s’ajoutent parfois, en superposition, la croix ansée ankh et le pilier djed (trois figures exprimant la force, la vie et la stabilité) – la gaine évoquant, nous l’avons déjà dit, l’écorce de l’arbre, qui recèle le pouvoir créateur toujours renouvelé de la végétation, ainsi communiqué à Ptah.
Ptah est donc avant tout conçu comme un maître de création. Son nom même est signifiant: «celui qui façonne». Si profondément ressentie était l’oeuvre de Ptah, patron des artisans notamment, que le grand prêtre de son clergé s’appelait «le grand chef de tous les artisans », titre qu’aucun autre clerc ne possédait. I’oeuvre de Ptah-démiurge est très particulière. Il créa l’univers, les dieux, les êtres et les choses, non par des moyens matériels ou humains, mais par l’esprit – par l’intelligence et le Verbe, fonctions dépendant de deux organes essentiels: le coeur, qui conçoit toute pensée, siège de la sensibilité, centre moteur de l’être, et la langue qui, en prononçant un mot, donne réalité à l’existence de ce que celui-ci exprime, concrétise ce que le coeur a pensé et voulu. Le mécanisme de cette création intellectuelle, élaborée par les grands prêtres de Ptah, nous est connu grâce à un texte suivi, retrouvé sur une grande stèle de granit, «recopié» par le roi Shabaka (XXVe dynastie) d’après le manuscrit original, qui existait encore à cette époque dans le temple de Memphis.« Toute parole divine vient à l’existence, selon ce que le coeur a conçu et ce que la langue a ordonné. »
Vénéré dans la capitale du royaume, Ptah fut également conçu comme un dieu-roi; il porte le même titre que Pharaon, «roi du Double Pays». Ayant assimilé en partie le dieu Sokaris (divinité de la nécropole memphite) et ses attributions, Ptah poursuit son oeuvre de vie dans l’au-delà auprès des défunts.
Ptah demeura, tout au long de l’histoire égyptienne, une divinité «indépendante» – échappant à la solarisation du panthéon sous la XIIe dynastie. Ptah fut un dieu essentiel qui, dans son oeuvre de création, donna à l’esprit un rôle majeur. A l’époque des Ramsès, la grande trinité sacrée sera composée d’ Amon, de Rê et de Ptah – trois figures divines que l’on peut contempler encore dans la pénombre du Saint des Saints du grand temple d’ Abou Simbel. Il sera seulement, comme la plupart des dieux, pourvu d’une famille: une épouse, la déesse-lionne Sekhmet – un fils, le jeune dieu-lotus Nefertoum – toutes divinités adorées dans la région memphite.