Fév 7, 2015
Planant à l’horizon, Horus. comme le faucon qui l’incarne, règne sur le ciel et les astres. Son nom signifie l’Éloigné . par allusion aux évolutions lointaines des rapaces au plus haut des cieux. Dieu des espaces aériens. ses yeux sont le soleil et la lune ; il prête aussi son image à l’astre solaire, il porte alors le nom de Rê-Horus-du-double-horizon.
Rien n’est plus étranger à l’esprit des Égyptiens que la séparation du temple et de la monarchie. Jamais la religion ne fut, dans la Vallée du Nil , un phénomène privé, auquel on adhère individuellement. Depuis l’époque lointaine des clans préhistoriques, le pharaon tient entre ses mains la destinée religieuse du pays. Et 1′ histoire, dès ses débuts, consacre Horus comme le protecteur divin de la royauté, et même comme Pharaon. Très tôt, la réalité politique et le mythe religieux interfèrent étroitement. La ville des premiers souverains unificateurs de l’Égypte, Hierakonpolis, est consacrée, depuis la nuit des temps, au culte du dieu faucon.
Quand, un peu avant l’histoire, les clans entreprirent la conquête du pays, ils le faisaient, chacun, sous la conduite d ‘un chef et la protection d’un dieu , la victoire d’un clan confirmait la puissance de son dieu, et accroissait son prestige, explique Serge Sauneron dans Les prêtres de l ‘ancienne Égypte.
Ainsi, la Palette de Narmer, gravée vers 3 000 av. J. -C., glorifie la conquête de la Basse-Égypte par le royaume du Sud. Elle montre le pharaon Narmer fracassant le crâne d’ un ennemi à terre. L’acte royal s’ accomplit face au faucon Horus, dont l’une des pattes agrippe la tête d’un prisonnier. Ce document confirme l’unification de l’Égypte sous la férule du clan d’ Horus, avec à sa tête les souverains d’Hierakonpolis. La juxtaposition des deux scènes fait aussi du roi le remplaçant du dieu au milieu des hommes.
D’ailleurs, ce dernier porte, dès le 4′ millénaire avant notre ère, l’un de ses noms- celui dit d ‘Horus- inscrit phonétiquement dans la cour du palais, au-dessus duquel est juché un faucon.
Ainsi le roi devient le substitut terrestre de ce dieu de l’univers, explique le professeur Arne Eggebrecht. Sous la 4edynastie (2613- 2498 av. J.-C.), lorsqu ‘Horus est devenu le dieu dynastique, la symbiose entre le roi et la divinité est totale. Une statue du pharaon Khéphren, exposée aujourd’hui au musée du Caire, associe l’image de la personne royale et celle de l’oiseau, posé sur le dossier enserrant dans ses ailes protectrices le visage du souverain. Plus tard, l’art égyptien crée un thème plastique dans lequel le pharaon devient fa ucon lui-même. La fusion est alors parfaite. Sous le règne de Nectanebo (360 – 343 av. J.-C.) se multiplient les groupes iconographiques du pharaon debout blotti entre les pattes d’un faucon majestueux, dressé, ailes repliées : dans la mesure où les textes de dédicace ne mentionnent en aucun cas Horus. mais seulement la divinité du temple auquel étaient destinées ces statues. il faut considérer 1’oiseau non comme l’image de la divinité à laquelle est consacrée l’oeuvre, mais comme une effigie royale, transfigurée, constate Marie-Ange Bonhême, maître de conférences à l’Université de Paris IV. C’est aussi un raccourci percutant du caractère divin de la royauté. Toute l’ histoire religieuse de l’ Égypte voit en pharaon l’allié tout-puissant du dieu dynastique qu’il s’appelle Horus ou Amon.
La divinité assure la gloire du souverain , qui, dans le même temps, regarde le clergé d’un oeil méfiant. Pharaon doit enrichir le dieu, le combler de présents, construire des temples et tenir le clergé le plus loin possible du pouvoir.
Au Nouvel Empire ( 1580-1085 av. J.-C. ), les prêtres d’ Amon, devenant de plus en plus puissants, font et défont les rois. D’où la réforme entreprise par Akhenaton, en -1350 : en fermant les temples d’Amon. il réduit ses prêtres au silence. On trouvait des faucons dans de nombreux sanctuaires nilotiques, comme à Philae à Hermopolis ou à Edfou . Ainsi, dans ce dernier temple, des faucons étaient élevés dans l’enclos rituel et, tous les ans, on sélectionnait l’un d’entre eux pour être intronisé. Cette fête consacrait le renouvellement de la royauté par le couronnement de son animal sacré. Lors des réjouissances, une procession de prêtres masqués se rendait en silence au sanctuaire du faucon élu. Celui-ci était présenté à la foule, puis l’oiseau recevait les emblèmes de sa dignité royale, au milieu des hymnes et des incantations. Les cérémonies s’achevaient par un banquet. Ensuite, tout au long de l’année, le Pharaon s’identifiait à ce rapace choyé et honoré des prêtres.
Au 4e siècle avant notre ère, un membre du clergé d’Athribis nous rapporte que cette petite ville du Delta adorait Horus Khentekhaï. La divinité, sous sa forme animale, habitait apparemment dans une salle hypostyle de noble facture, dans le domaine du temple. Elle disposait d’un puits d’eau fraîche et pure, d’un parc arboré et d’ un colombier. Le prêtre archiviste nous dit aussi qu ‘ un cimetière, attenant au sanctuaire, accueillait les faucons sacrés du temple et les faucons étrangers trouvés morts. La tradition affirme que des dynasties divines régnèrent aux premiers temps sur l’ Égypte.
L’un de ces antiques souverains aurait été Osiris. Osiris, fils de Geb (le dieu de la Terre) et de Nout (la déesse du Ciel), a pour frère Seth et pour soeurs Isis et Nephtis. La mythologie égyptienne fait d’Osiris le premier roi, au grand dam de Seth, qui, pour prendre son trône, l’assassine, aidé de 72 conjurés. Alors Isis , soeur et femme d’ Osiris, part à la recherche de son cadavre jusqu ‘à Byblos, au Liban. Elle réussit à ramener son époux mort en Égypte, près de Bouto, dans les marais de Chemnis, dans le Delta. Grâce à la magie, elle s’ unit à lui. De cette union miraculeuse naît Horus.