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Sothis

Nov 4, 2013

Parmi tous les astres, les constellations et les étoiles repérés dans le ciel par les Égyptiens, seuls quelques-uns ont été divinisés. Rê et Thot incarnent le soleil et la lune. Osiris symbolise la constellation d’Orion et Horus apparaît comme une manifestation des cinq planètes connues : ainsi, Mars s’appelle « l’Horus rouge ».

Il arrive que, dans les scènes astronomiques représentées sur les plafonds des tombes royales, les constellations et les planètes puissent être considérées comme de véritables divinités. Le plus bel exemple figure dans la tombe de Séthi Ier, sise dans la Vallée des Rois. Sur un fond bleu sombre symbolisant le ciel, s’enchevêtrent, par centaines, animaux, déesses et dieux célestes coiffés de petits disques solaires ou d’étoiles colorées et parfois accompagnés d’une brève légende donnant leurs noms et leurs qualités. Malheureusement, ces cartes du ciel, trop imagées pour la plupart, ne sont pas toujours faciles à interpréter. Concernant les étoiles, elles passent pour être des incarnations des âmes des défunts et seule Sothis bénéficie d’un culte particulier puisqu’elle annonce l’inondation. Sothis est le nom donné par les Égyptiens à l’étoile Sirius de la constellation du Grand Chien. C’est l’étoile la plus sothisbrillante et la plus fixe du ciel mais, outre ces qualités, elle possède une caractéristique bien particulière, en relation directe avec le calendrier et l’inondation.

Les anciens Égyptiens utilisent deux calendriers : le calendrier lunaire, réservé aux fêtes religieuses, et le calendrier solaire, civil. Ce dernier comprend 12 mois de 30 jours auxquels s’ajoutent 5 jours, les jours épagomènes, dédiés à Osiris, Isis, Horus l’Ancien, Seth et Nephtys, soit 365  jours.

 

Trois saisons de quatre mois rythment l’année:

  1. Akhet (l’inondation, de juin à octobre)
  2. Peret (les semailles, de novembre à février)
  3. Chemou (la récolte, de mars à juin).

 

Chaque mois de 30 jours est divisé en 3 décades de 10 jours, chacun de 24 heures. Les Égyptiens faisaient débuter l’année avec le tout premier jour de l’inondation et, rapidement, ils ont pu constater que le jour ou commençait l’inondation était marqué par un phénomène astronomique: ce jour-là, Sothis apparaissait dans le ciel en même temps que le soleil. On appelle ce phénomène le lever héliaque de Sirius et il a été pris comme point de départ de l’année égyptienne, année désormais commencée par un phénomène naturel (l’inondation) et un phénomène astronomique (le lever de Sirius), soit le 19 juillet.
Cependant, l’année solaire compte en réalité trois cent soixante-cinq jours et quart. Dans nos calendriers, ce quart de jour est rattrapé par une année bissextile tous  les 4 ans, astuce que les Égyptiens n’ont pas pratiquée. Ainsi, tous les 4 ans, l’année égyptienne prenait un retard logique de 24  heures et ce n’est qu’après 1460  ans, au cours d’une période dite sothiaque, que les trois phénomènes (le lever du soleil, le lever de Sirius et le début de l’inondation) se reproduisaient de nouveau en même temps, le premier jour de l’année égyptienne. Ainsi, au fur et à mesure, un décalage de plus en plus grand se créait, jusqu’à ce que les fêtes d’été soient célébrées en hiver, ou l’inverse. Heureusement, des scribes bien avisés ont pris soin de noter: plusieurs reprises, le décalage entre le lever de Sirius – le début de l’année officielle.

Grâce à toutes ces constations, les historiens ont pu établir des dates fixes permettant de définir avec précision les bases chronologiques de l’histoire égyptienne.
Dans cette optique, l’importance de Sothis devient plus explicite. Elle reste intimement liée à la crue du Nil, à l’inondation et à la fécondité. On dit qu’elle préside à l’origine du monde puisque l’état du ciel, au moment du lever héliaque de Sirius, est considéré comme celui du monde à sa création. Aussi, par ses qualités, est-elle associée à Isis et dépeinte comme une des manifestations de la déesse universelle.

Son iconographie est variable: parfois elle apparaît en vache, parfois elle adopte les traits de la déesse Isis, parfois elle se manifeste sous l’apparence d’une étoile, jaune et brillante. L’importance de Sothis est telle que son culte perdure dans la Vallée du Nil, même après l’introduction du calendrier romain tenant compte du quart de jour de l’année solaire réelle.

D’après les narrateurs, son lever marque encore « le commencement ou la phase dominante de l’année ».

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