Il y a divers moyens de pratiquer l’égyptologie. D’abord, on peut être égyptologue dans un musée. Mais, il faut bien le savoir, il y a très peu de collections en France, à part le Louvre, qui requièrent la présence d’un égyptologue. Dans ce domaine, en tout cas, on devient conservateur de musée comme dans toute la fonction publique, en passant un concours, accessible à des titulaires au minimum de la maîtrise, voire plutôt du doctorat.
Autre possibilité : l’enseignement supérieur. On devient professeur d’université par un cursus qui passe par des études d’histoire ou de littérature, et qui aboutit, logiquement, au doctorat. La spécialisation en égyptologie commence au niveau de la maîtrise. Et avant même de s’intéresser à l’étude des hiéroglyphes, il convient de se consacrer à celle de deux langues, indispensables dans notre domaine : l’anglais et l’allemand, car la bibliographie est majoritairement dans ces langues. On ne saurait trop conseiller aussi, si on ambitionne de travailler sur le terrain, de s’initier à ce qu’est un chantier de fouille, au cours de stages, en France, durant les vacances scolaires ; les occasions ne manquent pas.
La troisième voie est la recherche, avec le même cursus que pour l’université, et la possibilité, en fin de parcours, une fois acquis le doctorat, de passer une ou plusieurs années à I’IFAO (Institut français d’Archéologie orientale du Caire), qui permet le contact avec les chantiers de fouilles.
La France est l’un des grands pays – historiquement le premier car le Service des Antiquités égyptiennes a été fondé au 19e siècle par un Français, Auguste Mariette – à travailler en Égypte. Les chantiers de fouilles dépendent soit de I’ IFAO, soit des universités, soit du CNRS, soit enfin du Louvre. Ces derniers, dont j’ai la responsabilité, sont au nombre de deux : l’un, en collaboration entre le musée et le CNRS porte sur le temple et la tombe de Ramsès Il, qui lui est associée sur la rive gauche du Nil, à Thèbes, et l’ autre, à Saqqara, concerne une partie de la nécropole de Memphis. Il faudrait parler aussi du chantier d’Alexandrie, sous la responsabilité de Jean· Yves Empereur, qui dépend de I’ IFAO, et il y en a bien d’autres …
Bien sûr, les études sont longues et il faut être brillant. Il convient aussi d’être optimiste, sans pour autant rêver : au Louvre, il y a seulement huit conservateurs égyptologues ; il doit y avoir cinq postes de professeur d’université pour toute la France, et au CNRS, il n’ y a pas un poste par on qui se libère.
Mais il y a différentes façons de faire de l’égyptologie : un chantier de fouilles a besoin de bons dessinateurs, d’architectes, de topographes, de photographes, de restaurateurs, toutes spécialités complémentaires de l’égyptologie. Enfin, on peut être égyptologue-amateur à un très haut niveau ; on connaît de nombreux exemples d ‘ ingénieurs ou de médecins, qui ont vécu l’égyptologie comme un violon d’ Ingres et qui, parvenus à un haut niveau, peuvent par exemple enseigner à l’ École pratique des Hautes Études et publier des livres très savants.